La prochaine séance du séminaire « Cultures populaires » est prévue le jeudi 27 février 2025 à partir de 13h en salle et aura lieu sous forme hybride.
Un « cinéma Obama » ? Considérations politiques, culturelles et esthétiques
Margaux COLLIN
CIRLEP EA 4299 (Université de Reims Champagne Ardenne)
A partir des années 2010, un nombre conséquent de productions filmiques autour de thématiques directement liées à l’histoire noire américaine rencontrent un succès notable et retiennent l’attention de la critique. Interrogé sur le sujet, Harvey Weinstein déclare avec enthousiasme :
“You have great black filmmakers like Lee Daniels, Ryan Coogler, Steve McQueen, and great actors like Idris (Elba) and Chiwetel (Ejiofor) and Naomie Harris. It’s a great moment … Hopefully it signals, with President Obama, a renaissance. He’s erasing racial lines. It is the Obama effect. It’s a better country. What a great thing.”
La citation du producteur américain est représentative de la ferveur qui s’empare alors du cinéma. Le grand écran laisse effectivement plus de place aux récits noirs américains, mettant en scène divers pans de l’histoire noire à travers une diversité esthétique et générique qui attire l’attention. Qu’il s’agisse de la ségrégation avec Lee Daniels’ The Butler (2013) et Selma (2014), de l’esclavage avec Django Unchained (2012), 12 Years a Slave (2013) et, quelques années après, The Birth of a Nation (2016), la question suscite visiblement l’intérêt des studios. Ce constat est par lui-même significatif : en effet, puisque David Bordwell identifiait tout film comme une prise de risques, au vu des frais qu’engendre inévitablement toute production cinématographique, l’intérêt soudain du cinéma pour l’histoire noire américaine interroge. Comment expliquer qu’autant de réalisateurs aient pris le risque de se tourner vers des problématiques jusqu’alors négligées par le grand écran ? La citation d’Harvey Weinstein laisse entendre que cet intérêt provient de ce qu’il désigne comme étant « l’effet Obama ». Peut-on toutefois affirmer que l’enthousiasme suscité par la victoire d’Obama soit l’unique facteur à l’origine de l’élan cinématographique des années 2010 ? D’autres dynamiques, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques, ont-elles contribué à cette évolution ?
Ce séminaire sera l’occasion d’étudier la façon dont se définit « l’effet Obama » tout en interrogeant l’ampleur de son influence sur le cinéma des années 2010, permettant ainsi de répondre aux questions suivantes : peut-on vraiment parler d’un « cinéma Obama » ? Si oui, s’observe-t-il seulement d’un point de vue quantitatif, ou se distingue-t-il également d’un point de vue esthétique et narratif ? En d’autres termes, en quoi le « cinéma Obama » mérite-t-il qu’on s’y intéresse ? Toutes ces questions nécessiteront une approche pluridisciplinaire, au carrefour de considérations historiques, politiques, culturelles et cinématographiques, qui permettront d’appréhender le « cinéma Obama » au sein d’une industrie cinématographique et de dynamiques culturelles spécifiquement états-uniennes.
En présentiel: en salle 18.003 (Campus Croix-Rouge, Université de Reims Champagne Ardenne)
En distanciel :
https://univ-reims-fr.zoom.us/j/99865300455?pwd=WtQW7qbBhAJgA6XLveGlNxDKzaEfyh.1
ID de réunion: 998 6530 0455
Code secret: 698606
Contacts : yannick.bellenger@univ-reims.fr & yann.philippe@univ-reims.fr